Lettre de l'A.M.O.R.C. concernant l'O.T.O.
AMORC
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Mr Peter-R. König
****************
CH **** ***
Schweiz (Switzerland)
22/02/1999
Monsieur,
Le temps passe et nous n'avons pas encore eu l'occasion de vous
informer de l'évolution de nos recherches. Comme nous le précisions, il
nous semblait utile de vous fournir une notice retraçant ce que furent
les relations entre H. Spencer Lewis et Theodor Reuss telles qu'on peut
le démontrer à travers la corrrespondance échangée entre les deux
hommes (correspondance qui s'étale entre décembre 1920 et mai 1922). En
définitive, nous allons publier prochainement dans une revue française
une étude complète sur ce sujet. Vous recevrez une copie de ce texte
dès qu'il sera disponible mais, pour ne pas vous faire patienter trop
longtemps, voici quelques éléments qui seront développés dans cet
article.
Vous précisez dans votre texte que les deux hommes se sont connus en
1909 pendant le voyage de H. Spencer Lewis vers la France et
l'Angleterre sans donner aucune précision qui permette d'attester de
cette rencontre. Cette affirmation apparaît sans fondement lorsqu'on la
place face à la correspondance entre les deux hommes, qui situe
parfaitement les origines, le contexte de leurs relations et les
causes de leur rupture.
Votre remarque sur l'origine de ces relations est sans valeur. D'abord,
parce que s'il existe bien un Reuss parmi le personnel de l'Amerika (et
non pas l'America, comme vous l'écrivez), il s'agit de A. Reuss, 1er
Officier après le capitaine H. Knuth. De plus, la liste des membres de
l'équipage du bateau ne mentionne pas Theodor Reuss parmi les stewards.
Nous ignorons sur quels éléments vous vous basez pour prétendre que
Theodor Reuss travaillait comme steward en 1909, mais de toute
évidence, votre source doit être erronée.
La correspondance entre Theodor Reuss et H. Spencer Lewis ne laisse
aucun doute sur les origines de leurs relations. En effet, c'est à la
fin de l'année 1920, grâce à des membres de l'A.M.O.R.C. de Salt Lake
City (Utah), que H. Spencer Lewis entendit parler des relations entre
un franc-maçon de cette ville, McBlain Thomson et Theodor Reuss.
L'Imperator apprit alors qu'ils venaient de remettre en activité
l'oeuvre entreprise par Papus en 1908 avec le Congrès spiritualiste qui
avait pour but d'unir, au sein d'une fédération, les Ordres
initiatiques sur un plan mondial. A cet effet, en juillet 1919, Theodor
Reuss avait donné à McBlain Thomson un certificat de l'O.T.O. "33°,
96°, IX°, Souv. Grand Master Général and Grand Président Général...
Salt Lake City, Utah". Il l'avait alors invité à participer au Congrès
de Zurich (juillet 1920) qui se plaçait dans le prolongement du Congrès
spiritualiste.
H. Spencer Lewis fut intrigué par les informations qu'on lui communiqua
à ce propos. Il voulait entrer en contact avec Theodor Reuss pour en
savoir plus. Bien que n'appréciant guère McBlain Thomson, il dut se
résoudre à lui écrire pour entrer en contact avec Theodor Reuss. C'est
ainsi qu'il réussit à obtenir son adresse. C'est à la suite de cette
démarche qu'il put, le 28 décembre 1920, écrire à Reuss en se
"recommandant" de McBlain Thomson.
Or, au moment où le responsable de l'A.M.O.R.C. écrit à Theodor Reuss,
ce dernier vient de se fâcher avec McBlain Thomson à la suite du
désastre du congrès de Zurich (17 juillet 1920). En effet, devant
l'attitude de McBlain Thomson, Theodor Reuss avait préféré quitter les
lieux en claquant la porte. McBlain Thomson ne s'était pas vanté outre
Atlantique de la manière dont il avait détourné le Congrès au profit de
son American Masonic Federation devenue par cette opération
l'International Masonic Federation. On imagine la réaction de Theodor
Reuss lorsqu'il reçut la lettre de H. Spencer Lewis qui se recommandait
de McBlain Thomson ...
Theodor Reuss attendra six mois avant de répondre à H. Spencer Lewis.
Sa première lettre est datée du 19 juin 1921. Dans cette lettre, il
corrige les propos de H. Spencer Lewis au sujet de l'International
Masonic Federation de l'UTA de McBlain Thomson. Il précise qu'il n'a
plus aucun lien avec ce personnage qui a abusé de sa confiance. Il
précise aussi à l'Imperator que l'O.T.O. est un Ordre qui descend
directement des anciens rosicruciens et qu'il ne s'agit pas, par
conséquent, d'une création moderne de Franc-Maçons. Dès cette première
lettre, Theodor Reuss présente l'O.T.O. comme la façade exotérique d'un
Ordre rosicrucien. C'est pour cette raison que H. Spencer Lewis jugera
intéressant d'établir des relations avec Theodor Reuss. Ce dernier lui
donne quelques précisions sur le siège de l'Ordre et termine en
indiquant qu'il sera heureux d'entretenir des relations fraternelles
avec lui dans le futur.
Cette lettre marque le début d'une correspondance qui, pour H. Spencer
Lewis, aura pour objet d'établir des relations entre l'A.M.O.R.C. et
les rosicruciens de l'O.T.O. étant donné que Reuss n'aura de cesse,
dans ses différentes lettres, de se présenter comme tel. Cette première
lettre, qui atteste d'une manière formelle le début des relations entre
les deux hommes, peut être mise en relation avec l'une des dernières
lettres envoyées par Theodor Reuss à l'Imperator, celle du 25 octobre
1921. Dans cette lettre où il s'étonne du manque d'enthousiasme de H.
Spencer Lewis à mettre en place une collaboration, Theodor Reuss
rappelle à l'Imperator que c'est lui (H. S. L.) qui l'a contacté le
premier (il lui rappelle d'ailleurs les dates de ses premières lettres)
et que, par conséquent, il ne comprend pas son changement d'attitude.
Ces deux lettres à elles seules suffisent à montrer comment et dans
quelles circonstances les deux hommes sont entrés en relation entre
décembre 1920 et mai 1922.
Theodor Reuss, avec McBlain Thomson, n'avait pas réussi à renouveler le
projet lancé par Papus en 1908. Il voyait dans l'A.M.OR.C. une occasion
pour relancer cette idée. C'est alors qu'il envoya à H. Spencer Lewis
un diplôme. Ce document est un " gage d'amitié" entre l'O.T.O. et
l'A.M.O.R.C. Ajoutons qu'il s'agit d'un diplôme honorifique car
l'Imperator de l'A.M.O.R.C. n'a pas reçu d'initiation rituelle de
l'O.T.O. et ne participa jamais aux travaux de cet Ordre. (quoi qu'en
disent certains qui imaginent des rencontres secrètes). La lettre qui
accompagne ce diplôme est assez floue, sur les titres qu'elle confère.
Plus tard, Theodor Reuss précisera dans ses lettres les limites de
"l'autorité" qu'il confère à H. Spencer Lewis en lui indiquant qu'il a
donné à un autre américain, Charles Stanfeld Jones, une charte de
l'O.T.O. pour les Etats-Unis. Il précisera que ce dernier étant le
"fils spirituel" d'Aleister Crowley, il souhaite lui retirer toute
autorité.
C'est ainsi que très rapidement H. Spencer Lewis et Theodor Reuss, qui
tous deux travaillent à structurer leur organisation respective sur le
plan international, projettent de créer une structure internationale
propre à établir des relations entre les rosicruciens américains et
leurs frères Européens. Après quelques propositions, ils décident en
septembre 1921 d'appeler cette structure, le T.A.W.U.C. (The Amorc
World Union Council).
H. Spencer Lewis s'enthousiasme un peu vite pour ce projet et il ne
tardera pas à le regretter. En effet, les deux hommes, qui veulent
concrétiser leur union, décident de publier une revue en commun.
Theodor Reuss réalise alors une maquette de cette revue intitulée TAWUC
et propose à l'Imperator divers textes ainsi que les articles de la
constitution du TAWUC. C'est alors qu'il apparaît rapidement à
l'Imperator de l'A.M.O.R.C. que les objectifs de Theodor Reuss ne sont
pas les siens. Ces divergences ne concernent pas directement l'O.T.O.
car à aucun moment Theodor Reuss n'évoque les enseignements, la
philosophie, les rituels de ce groupe - à ce titre, il faut souligner
que H. Spencer Lewis n'a reçu aucun texte de rituel de l'O.T.O. mais
uniquement quelques textes de présentation générale qui ne laissent pas
transparaître les pratiques fort contestables de l'O.T.O. Les éléments
qui font faire marche arrière à l'Imperator de l'A.M.O.R.C. sont les
cinq articles que Theodor Reuss soumet à l'Imperator pour figurer dans
la constitution du TAWUC.
Lorsque Theodor Reuss propose que le principal objectif de
l'organisation soit de "propager les anciens enseignements secrets de
l'authentique fraternités R+C", il est d'accord, mais lorsque Reuss
poursuit en précisant que sont but est aussi de "propager la Sainte
religion Gnostique et de mettre en place des départements
d'enseignement spirituel, de publication, de politique-économique,
d'économie sociale...", là, l'Imperator s'inquiète. Il répond à Theodor
Reuss en lui précisant qu'il n'es-t pas d'accord sur certains points et
souhaite que ces éléments fassent l'objet d'une concertation. Bien
qu'il ne précise pas sa pensée, on peut supposer que, propager la
religion Gnostique ou enseigner l'économie-politique ne séduisait pas
l'Imperator. En définitive, la publication de la revue sera repoussée
et elle restera à l'état de maquette.
Un autre problème empêchera la mise en place du TAWUC: la capitation
demandée par Theodor Reuss pour financer le secrétariat du TAWUC. Si H.
Spencer Lewis la juge acceptable étant donné que Theodor Reuss prend en
charge tout le travail de secrétariat, il n'en va pas de même du
Suprême Conseil de l'A.M.O.R.C. Les membres du Suprême Conseil estiment
que cette somme est trop importante, même si Theodor Reuss indique
qu'elle est conforme avec ce qui se pratique habituellement dans les
obédiences maçonniques. Les négociations n'iront pas plus loin à ce
sujet et Theodor Reuss ne réclamera rien à l'Imperator. Permettez-nous
d'ajouter qu'à aucun moment H. Spencer Lewis ne versa la moindre somme
à Theodor Reuss.
Dès ce moment, les projets entre l'Amérique et l'Europe s'effritent et
H. Spencer Lewis qui semble se rendre compte qu'il a été trop vite,
fait tout pour faire traîner les choses. H. Spencer Lewis suspecte
alors les prétentions rosicruciennes de son correspondant. Dans
plusieurs lettres, il lui demande l'origine de ses chartes et de ses
initiations rosicruciennes. Les explications données par Theodor Reuss,
si elles sont passionnantes pour l'historien parce qu'elles témoignent
du microcosme que fréquentait le chef de l'O.T.O., ne sont guère
convaincantes quant à la valeur de son rosicrucianisme. H. Spencer
Lewis s'inquiète aussi du fait qu'un personnage aussi peu recommandable
que Aleister Crowley, s'affiche aux Etats-Unis comme un représentant de
l'O.T.O. Il demande plusieurs fois à Theodor Reuss de préciser sa
position et de lui dire ce qu'il en est exactement. Les explications
données par Theodor Reuss sont précises et il affirme qu'il a rompu
toute relation avec Aleister Crowley. H. Spencer Lewis fut-il
convaincu?
Depuis longtemps, l'Imperator se méfiait des agissements de celui qui
tentait de se faire passer pour le chef secret du rosicrucianisme. En
octobre 1916, dans la revue American Rosae Crucis, H. Spencer Lewis
avait critiqué sévèrement Aleister Crowley qu'il présentait comme un
magicien noir. Il précisait que Aleister Crowley est un imposteur,
qu'il n'a rien à voir avec l'A.M.O.R.C. et n'est pas le chef secret du
rosicrucianisme, contrairement à ce que ce dernier tente de faire
croire. (Voir, American Rosae Crucis: Some Books not recommended, The
Imperator reviews a few books, pp. 22-23, à propos de The Book of the
Goetia.)
Un autre point va inciter l'Imperator à laisser tomber le projet du
TAWUC, c'est une proposition faite par Theodor Reuss dans sa lettre du
5 septembre 1921. Il constate alors que Theodor Reuss semble plus
préoccupé par des activités commerciales qu'initiatiques. Ce qui
intéresse au plus haut point Theodor Reuss, c'est d'organiser un voyage
des membres de l'A.M.O.R.C.'pour le pèlerinage d'Oberammergau. En
effet, Theodor Reuss, travaille à cette époque, pour le comité
d'organisation du Passion Play qui prépare les spectacles prévus pour
l'été 1922. Rapidement, l'objet de la correspondance de Theodor Reuss
aura pour but essentiel de mettre au point un voyage susceptible
d'amener un grand nombre d'Américains à ce célèbre pèlerinage. Certes,
en plus du Passion Play d'Oberammergau, il propose d'organiser une
convention rosicrucienne de deux jours, près de Munich. S'il donne de
multiples détails sur le pèlerinage, son pro gramme et son
organisation, il reste muet au sujet des activités rosicruciennes qu'il
projette.
H. Spencer Lewis commence a se rendre compte qu'il est en présence d'un
opportuniste qui cherche surtout à faire des affaires. Il met alors un
frein à ses relations avec Theodor Reuss. Il laisse pourrir la
situation en ne répondant plus aux lettres de Theodor Reuss, ce qui va
bientôt provoquer la colère de ce dernier.
A la fin du mois d'octobre 1921, Theodor Reuss se lasse d'attendre les
réponses à ses lettres de septembre et d'octobre. Il écrit à
l'Imperator pour lui manifester son mécontentement et s'étonne de ce
silence brutal. L'Imperator lui répondra au début du mois de novembre
en invoquant la nécessité d'un temps de réflexion et en développant des
arguments qui cachent à peine son désintéressement pour l'avenir du
TAWUC. Quant au pèlerinage, il n'a guère suscité l'enthousiasme des
membres de l'A.M.O.R.C. Theodor Reuss sera furieux, il écrira encore
quelques lettres à H. Spencer Lewis entre novembre et avril, lettres
auxquelles H. Spencer Lewis ne répondra que le 20 mai 1922 pour lui
préciser qu'aucun membre de l'A.M.O.R.C. ne participera au pèlerinage
organisé par Theodor Reuss.
On imagine aisément la réaction de Theodor Reuss car le fameux
pèlerinage d'Oberamergau doit avoir lieu en mai... Theodor Reuss ne
jugera sans doute pas utile de continuer à entretenir des relations
avec H. Spencer Lewis et les choses en resteront là.
Comme vous le voyez, les relations entre H. Spencer Lewis et Theodor
Reuss ne tiennent pas du tout à des rapports de dépendance entre
A.M.O.R.C. et O.T.O. D'ailleurs, il faut faire preuve de beaucoup
d'imagination pour trouver des points communs entre les deux
organisations, que ce soit sur le plan rituel ou doctrinal. Les
relations entre les deux organisations se sont élaborées autour d'un
projet de Theodor Reuss, à savoir: remettre en activité l'idée formulée
par Papus en 1908. Le congrès de Papus ne donna guère de résultat et
Theodor Reuss, qui avait participé à cette manifestation, relança ce
projet après la première Guerre Mondiale. Après l'échec du Congrès de
Zurich, il vit dans l'A.M.O.R.C. une organisation suffisamment
importante pour l'aider à mener à bien ce projet. H. Spencer Lewis qui,
dans un premier temps, pensa avoir à faire à un homme respectable fut
enthousiaste, mais il vit aussi qqe les objectifs de Theodor Reuss
n'étaient pas les siens et que le rosicrucianisme de Theodor Reuss
était sans fondement. Il constata rapidement que Theodor Reuss
cherchait surtout à faire des affaires; c'est la raison pour laquelle
il se retira en regrettant sans doute de s'être engagé dans cette vole.
Les relations entre A.M.O.R.C. et O.T.O. ne furent donc qu'un projet
qui resta sans suite. Les relations entre O.T.O. et A.M.O.R.C., si l'on
compte à partir de la première lettre de Theodor Reuss (juin 1921)
jusqu'au moment où H. Spencer Lewis ne répond plus (octobre 1922) ne
s'étalent que sur un an et demi. La correspondance échangée entre les
deux hommes est malgré tout intéressante, dans la mesure où elle donne
de nombreuses informations sur la manière dont Theodor Reuss présente
l'O.T.O., c'est-à-dire comme étant la face exotérique d'un cercle
rosicrucien secret. C'est uniquement de cet aspect "rosicrucien" qu'il
est question dans ses lettres, et à aucun moment, il n'aborde les
éléments de la doctrine de l'O.T.O. L'étude de cette correspondance est
édifiante, elle démonte toutes les élucubrations élaborées par ceux qui
veulent voir dans l'O.T.O. la source cachée de l'A.M.O.R.C. et qui, se
basant sur des faits partiels, imaginent de véritables romans sans
rapport avec la réalité.
Plus tard, en 1930, Henrich Tränker entrera en contact avec H. Spencer
Lewis en se présentant comme un descendant direct de Christian
Rosenkreutz... et un projet similaire à celui du T.A.W.U.C. verra le
jour. Il ne mènera pas bien loin, lui non plus, mais c'est là une autre
histoire sur laquelle nous reviendrons plus tard.
Nous espérons que ces informations vous permettront de mieux comprendre
ce que furent les relations entre A.M.O.R.C. et O.T.O. Nous n'avons pu,
ici, aborder que quelques points et nous aurons, au cours d'un article
plus important, l'occasion de donner d'autres précisions avec, si cela
est possible, la reproduction de quelques documents en fac-similé. Si
vous possédez vous-même des informations précises, nous sommes prêts à
les étudier dans la mesure où elles sont étayées par des éléments
concrets.
Après cette mise au point, nous voudrions vous faire quelques
observations à propos de vos livres. En effet, dans vos ouvrages, nous
avons relevé de nombreuses erreurs sur les relations A.M.O.R.C. -
O.T.O. Permettez-nous d'en signaler quelques-unes.
* D'abord dans votre livre Ecclesia Gnostica Catholica, (ARW 1998). A
la page neuf de ce dernier, vous évoquez H. Spencer Lewis. Ce texte
parle de ses relations avec Theodor Reuss. Pour ce faire, vous utilisez
un procédé étrange. En effet, vous citez l'extrait d'une lettre de
Theodor Reuss à H. Spencer Lewis sans préciser sa source, qui, en
l'occurrence, est un document interne à l'A.M.O.R.C. Nous supposons que
vous avez eu connaissance de ce texte à la suite de l'indélicatesse
d'un membre.
Avant de citer cet extrait que Christian Bernard, Imperator de
l'A.M.O.R.C. a publié en janvier 1998, vous placez un commentaire qui
non seulement est tendancieux mais qui, en outre, est sans rapport avec
le texte de Reuss. Vous procédez là, à une manipulation de texte. Que
vous ne soyez pas d'accord avec l'explication donnée par Christian
Bernard sur les circonstances de la rencontre entre H. Spencer Lewis et
Theodor Reuss, est votre droit, mais lorsqu'on utilise une citation, la
règle veut qu'on la replace dans son contexte et que l'on précise son
origine, quitte à ajouter ensuite son propre point de vue en des termes
critiques. Ces éléments contradictoires doivent cependant être étayés
d'une manière solide et ne pas se fonder sur de vagues impressions.
Nous préférons passer sur le ton ironique que vous employez pour dire,
en outre, des choses fausses. Sachez que, contrairement à ce que vous
dites dans votre livre, H. Spencer Lewis n'a jamais versé un dollar à
Theodor Reuss.
* Dans votre livre Der Grosse Theodor-Reuss-Reader (1997) vous
reproduisez un document A.M.O.R.C. qui fait référence à l'O.T.O. Ce
document est la copie d'un Pronunziamento d'après une copie
provenant de la New York Public Librairy. Une étude objective de ce
document montre qu'il a été falsifié. Ce document fait état de la
naissance de l'A.M.O.R.C. en février 1915 en ces termes:
"En cette année 1915 (=7) devra être établi aux Etats-Unis
d'Amérique la fraternité de
l'Ancien et Mystique Ordre Rosae Crucis en
accord avec un ancien manifeste officiel".
A la suite de ce texte entièrement typographie, les lettres "O.T.O."
ont été grossièrement ajoutées à la main de manière à laisser penser
que l'O.T.O. serait à l'origine de cette naissance. Les lettres
"O.T.O." ont été écrites dans une partie du document dont la fonction,
de toute évidence, est destinée uniquement à la présentation du
pronunziamento.
Il s'agit là d'une falsification grossiers. Nous ignorons à quelle
époque et par qui le document de la Bibliothèque de New York a ainsi
été falsifié. Quoi qu'il en soit, vous devez savoir que ce document
n'est pas un "original" et la Grande Loge Suprême de l'A.M.O.R.C.
possède un exemplaire de ce Pronunziamento (Photocopie ci-jointe). Ce
document (126x203mm, sur papier toilé, environ 130 gr/m2, gris-vert) ne
fait pas référence à l'O.T.O. D'ailleurs, on voit mal comment l'O.T.O.
pourraît être à l'origine de l'A.M.O.R.C. pour la simple raison que ce
n'est qu'à la fin de l'année 1920 qu'H. Spencer Lewis est entré en
relation avec Theodor Reuss. En outre, sur aucun des documents (ex. les
minutes: des réunions préparatoires à la naissance de l'Ordre et à
l'établissement du Pronunziamento, des réunions du Suprême Conseil
...), il n'est fait une quelconque allusion ou référence à l'O.T.O. ou
à Theodor Reuss.
Nous espérons que ces précisions vous permettront de corriger vos
textes.
Veuillez agréer Monsieur, nos salutations respectueuses.
...
P.J: Traduction anglaise de cette lettre.
Overview on A.M.O.R.C. and the O.T.O.
Spencer Lewis, Theodor Reuss, Aleister Crowley, Heinrich Traenker
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